BECHOL LASHON François – Les élections polonaises et le future de l’Europe
Et donc, à la fin, c’est le président Andrzej Duda qui a remporté le ballottage des élections présidentielles en Pologne, où il s’est confronté avec Rafael Trzaskowski, le maire de Varsovie. Le premier est un anti-européen déterminé proche de la droite ultranationaliste et antisémite de Kaczyński, à savoir l’homme politique qui lors de la campagne électorale a accusé Trzaskowski de vouloir « vendre le pays aux Juifs ». L’autre est un libéral de centre et un européen convaincu. Les électeurs de Trzaskowski se trouvent notamment dans les villes, tandis que ceux de Duda sont situés plutôt dans les campagnes et se caractérisent par un catholicisme conservateur, ennemi de l’Europe et de la modernité. Sous la dernière présidence de Duda, la Pologne est devenue, avec la Hongrie de Viktor Orbán, le cœur du souverainisme et de l’autoritarisme totalitaire en Europe : l’autonomie de la magistrature a été réduite, les droits démocratiques durement mis à mal, l’autonomie de la recherche historique réduite et les droits des homosexuels reniés. Le taux de participation au vote a été très élevé. Il est pourtant difficile que Duda poursuive son œuvre de transformation de la Pologne en un pays totalitaire, arriéré, lié à un catholicisme traditionnaliste et antisémite. En effet, la moitié du pays lui est contraire et a fermement tenté de préserver les valeurs démocratiques et l’appartenance à l’Europe. C’est un pourcentage qui aura un poids très important dans l’échiquier politique qui va bientôt se créer. Il s’agit d’un jeu politique crucial non seulement pour la Pologne, mais aussi pour nous tous, citoyens d’une Europe que l’on veut libre et démocratique.
*Anna Foa, historienne. Traduit par Mattia Stefani, étudiant de l’École Supérieure pour les Interprètes et les Traducteurs de Trieste et stagiaire dans le bureau du journal de l’Union des communautés juives italiennes.