“Mon témoignage pour l’examen de fin d’études, une surprise et un signal important”

Par Daniel Reichel

“Le titre du livre La sola colpa di essere nati (La seule faute d’être nés) est le déroulement de ma pensée, vu que j’ai été une victime pour la seule faute d’être née. Ce que je ne m’attendais pas, c’était qu’il deviendrait une trace de l’examen de fin d’études”. Au téléphone avec Pagine Ebraiche, la sénatrice à vie Liliana Segre exprime sa surprise et sa reconnaissance pour le choix du ministère de l’Éducation d’utiliser son témoignage concernant les lois racistes comme l’une des dissertations proposées aux étudiants pour l’examen d’état de cette année. [In Italie “L’esame di maturità” est l’examen qui a lieu à la fin des cinq années de lycée. C’est l’équivalent du baccalauréat français].
En effet, parmi les traces pour l’analyse d’un texte argumentative il y a “La sola colpa di essere nati” (Garzanti), un essai conçu par Liliana Segre et l’ancien magistrat Gherardo Colombo. C’est un signal important, souligne la sénatrice à vie qui a survécu à Auschwitz, “soit pour les jeunes qui obtiennent toutes ses informations avec ses téléphones portables, soit pour leurs parents, qui à l’époque de la persécution n’étaient pas encore nés. Et qui souvent ignorent ce qui s’est passé”.
Il est symbolique aussi, ajoute Segre, le fait que “précisément en ces heures, tandis que les jeunes passent l’examen de fin d’études, se termine la première année de travail de la Commission contre la haine. Rappelons-nous que, dès le premier jour, elle n’a pas été approuvée à l’unanimité; bien que l’objectif de la Commission était la lutte contre l’incitation à la haine, beaucoup de personnes ont essayé de faire des exceptions. Cependant, à la fin, les conclusions ont été votées par tous et toutes”.
Autre coïncidence significative, ajoute Segre, est que “mon petit-fils, qui a dix-huit ans, est en train de faire l’examen de fin d’études. Et parmi les dissertations il retrouve le titre inattendu sur sa grand-mère, qui a passé sa vie à expliquer qu’on peut être tués pour la seule faute d’être nés”.

Traduction de Erika Centazzo, révisée par Alice Pugliese, étudiantes à l’École Supérieure de Langues Modernes pour les Interprètes et les Traducteurs de l’Université de Trieste, stagiaires dans le bureau du journal de l’Union des communautés juives italiennes – Pagine Ebraiche.