BECHOL LASHON Français – Normalité
par Pierpaolo Pinhas Punturello*
Une famille italienne d’olim chadashim a quitté Jérusalem et a fait son retour en Italie. Pourquoi ? Les raisons sont plusieurs, comme par exemple la difficulté de commencer une nouvelle vie en Israël, des évaluations économiques, la complexité de la décodification de la société israélienne dans la vie de chaque jour et le besoin de rythmes de vie différents. Une famille italienne d’olim chadashim a quitté Jérusalem et « de petits vents et de petites brises très gentilles » de pensées, de critiques, de murmures et d’autres chuchotements se sont tout de suite soulevés. Pourquoi ? Parce que parmi les italkim qui les ont connus certains se sont demandés jusqu’à quel point la klità (l’insertion) est dure dans la société d’Israël, d’autres se sont demandés si la panacée de tous les problèmes économiques, identitaires ou sociaux est vraiment Israël, d’autres encore ne se sont rien demandé et ont considéré cette « yeridot » comme les autres : une trahison, un abandon, aussi éventuellement une abjuration. Pourtant, cette famille est arrivée avec les mitzvòt et elle est partie avec les mitzvòt. Elle est arrivée avec un hébraïsme vivant et sain et elle est partie avec le même hébraïsme. D’un point de vue exquisément halakhique, on pourrait dire que, pour réduire les murmures au silence, il suffirait de lire le Maharit (Rav Yosef Mitrani, fils de rav Moshé Mitrani, né à Zfat en 1568 qui fut Chacham Bashi de Turquie et spécifiquement de Constantinople) qui affirmait déjà à l’époque, qu’il est possible de quitter Israël au cas où il faudrait se marier, aller étudier la Torah ou chercher du travail, même là où la situation n’est pas désespérée comme l’affirme Maimonide. On a néanmoins le sentiment qu’une réflexion ultérieure est nécessaire. Apparemment, Ben Gurion a affirmé qu’Israël serait devenu un pays normal quand il aurait eu ses voleurs et ses prostituées. À mon humble avis, Israël sera un pays normal quand on pourra partir, arriver, repartir et revenir comme l’on fait déjà pour n’importe quel pays du monde. Sans petits vents, trahisons ou bruits sociaux de fond.
*Pierpaolo Pinhas Punturello est rabbin. La traduction est de Giulia Castelnovo, élève de la Scuola superiore traduttori e interpreti di Trieste, stagiaire chez Pagine Ebraiche