BECHOL LASHON Français – Europe
L’Europe, comme beaucoup d’utopies, est devenue un rêve à jeter. Contrairement à celles-là, elle n’a même pas stimulé un film pour réfléchir. De la Shoah aux desaparecidos argentins, des histoires de mafia à celles du terrorisme, au cours des vingt dernières années, les films, la plupart des livres, ont fait la mémoire publique. Grâce à ces films, on a construit une mémoire auto-critique, c’est-à-dire une mémoire fondée sur la comparaison entre la mémoire des valeurs aux-quels nous disons nous inspirer et à auxquels nous déclarons appartenir et celle des actions pratiques. Une mémoire des torts commis envers les autres. Pas celle dont nous pouvons être fiers, mais celle dont on doit avoir honte. Avec l’Europe, par contre, nous avons refusé de commencer ce chemin. Quand il fallait passer à la mémoire auto-critique, nous avons simplement dit: nous n’aimons pas ce jeu. Faisons un autre.
*David Bidussa est un historien. Traduction par Francesca Matalon.