Lipstadt : mon cœur est déchiré

“Le Hamas a déclenché l’attaque anti-juive la plus mortelle depuis l’époque de l’Holocauste. À la tête de ce classement de l’horreur il y avait, jusque à il y a quelques jours, l’attentat de l’Association mutuelle israélite argentine de Buenos Aires. Vingt-neuf ans après ce massacre, nous sommes obligés d’actualiser le classement. Il s’est agi d’un acte exécrable qu’il faut condamner fermement, sans ambigüité et sans faire aucune distinction”. Voici ce que l’historienne Deborah Lipstadt, l’envoyée spéciale de l’administration des États-Unis d’Amérique pour la lutte contre l’antisémitisme, a déclaré à Pagine Ebraiche. Parmi les personnalités les plus influentes au monde selon le magazine Time, Lipstadt a été l’une des protagonistes de la conférence “New Documents from the Pontificate of Pope Pius XII and their Meaning for Jewish-Christian Relation: A Dialogue between Historians and Theologians”, qui s’est tenue à l’Université pontificale grégorienne avec l’objectif de faire la lumière sur la figure de Pie XII et sur ses silences pendant la persécution et l’extermination des juifs européens.
L’historienne, qui a été poursuivie en justice par le négationniste David Irving dans un procès qu’elle a éventuellement gagné, se déclare bouleversée par certaines réactions au massacre du Hamas. “Les personnes qui veulent justifier ce crime m’énervent. Ceux qui disent ‘Oui, mais…’. Il n’y a pas de ‘mais’, ce n’est pas le temps pour telles élucubrations. On peut être d’accord ou pas avec la politique d’Israël, cela est évident et légitime, mais rien ne justifie le viol de femmes et les enfants massacrés”.
“L’antisémitisme est explicit dans la barbarie dont on est témoins. Sans surprise, dans de nombreuses vidéos diffusées par les terroristes mêmes, on les entend prononcer le mot ‘Yahudi’, c’est-à-dire ‘juif’. Le Hamas ne veut pas qu’un État juif existe et le dit clairement. C’est un point explicite”, continue l’historienne. Elle a également rencontré le pape François au Vatican. “Mon cœur est déchiré, mais il y a aussi des signes de solidarité à considérer”, commente-elle. “À partir des nombreux bâtiments et lieux illuminés partout dans le monde pour exprimer le soutien à Israël. J’ai vu, avec émotion, l’Étoile de David e les couleurs bleus et blanches du drapeau israélien briller sur l’arc de Titus à Rome. Je suis bien consciente de la signification profonde de cet événement, dans un lieu qui raconte la destruction, il y a deux mil ans, d’une nation juive”.
“Il faut rester unis et, comment nous l’enseigne l’hymne d’Israël, avoir de l’espoir” est son message d’aujourd’hui.

Traduction de Francesca Pischedda, révisée par Marta Gustinucci, étudiantes à l’École Supérieure de Langues Modernes pour les Interprètes et les Traducteurs de l’Université de Trieste, stagiaires dans le bureau du journal de l’Union des communautés juives italiennes – Pagine Ebraiche.