La musique retrouvée d’un jeune compositeur juif
Né à Vienne dans une famille juive originaire de Trieste, Bruno Morpurgo (1875-1917) était un compositeur prolifique et cependant encore peu connu, qui a produit différentes œuvres de musique de chambre, deux symphonies, lieder et musique instrumentale. L’intérêt de l’Associazione Musica Libera (Association Musique Libre) pour son œuvre a mené à la réalisation d’un cd dans lequel se démarquent deux “symphonies retrouvées” composées par le jeune Morpurgo, qui tombera ensuite sur les champs de bataille de la Grande Guerre en portant l’uniforme de l’armée Autrichienne. Elles ont été jouées par l’Orchestre Symphonique du Frioul-Vénétie Julienne et le Quartet Mark Rothko.
Développé en 2022 à partir de la collaboration entre l’association elle-même, qui a gagné un concours régional, le Musée de la Communauté Juive de Trieste “Carlo e Vera Wagner”, la municipalité de Gradisca d’Isonzo et les deux formations artistiques, le projet redonne vie à une Symphonie n. 1 en do mineur du 1899 et un Quartet en La mineur du 1897.
Réussir dans la réalisation du cd – raconte-t-elle l’association – n’a pas été simple. “Les informations sur sa vie étaient peu connues et les symphonies, écrites à la main et conservées par un de ses neveux à Vienne, n’avaient jamais été jouées ni publiées. Récupérer cette musique revête une importance particulière pour sa grande valeur historico-artistique et fait connaitre un musicien injustement oublié”, souligne-t-elle à ce propos.
Ce premier objectif atteint, l’idée est celle de procéder à la distribution gratuite du cd aux conservatoires et aux écoles de musique du territoire. D’autres manuscrits sont en phase d’élaboration et seront bientôt accessibles. La musique de Morpurgo nous amène dans la Vienne cosmopolite et effervescente qui, entre le 19ème et le 20ème siècle, disputait à Paris le titre de capitale européenne de la culture et des arts. En effet, parmi ses maîtres apparaît Robert Fuchs, figure de proue de la tradition musicale autrichienne. Le cd est complété par un livret écrit par le musicien Pierpaolo Levi.
Traduit par Alida Caccia, étudiante de l’École Supérieure pour les Interprètes et les Traducteurs de Trieste et stagiaires dans le bureau du journal de l’Union des communautés juives italiennes – Pagine Ebraiche.